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Jacky Malotaux

SKARAMANGAS: un camp model?


À notre arrivée en Grèce, avec une voiture pleine de dons de nos amis français, nous devions décharger rapidement. Nous avons décidé d’emmener notre chargement aux camps d’Elefsina et de Skaramangas auxquels nous envoyions déjà des produits d’hygiène féminins. Ces deux camps sont situés en périphérie de Pirée, à côté du port et d’une raffinerie, dans une zone très polluée.

Au début de la crise des réfugiés en Grèce, j’ai eu connaissance à plusieurs reprises des conditions de vie terribles dans le camp de Skaramangas, c’est pourquoi j’ai souhaité le visiter maintenant, car je le savais bien changé et j'ai entendu dire qu'on pourrait le considerer comme un camp modèle en Grèce. L’accès est interdit pour les particuliers, mais Giulia, coordinatrice locale pour l’organisation « Une goutte dans l’océan » (Drâpen i Havet) s’est chargée de notre laissez-passer. Nous l’avons retrouvée devant la porte principale et après une inspection par les gardes, nous avons été autorisés à pénétrer dans le camp en longeant le mur d’enceinte. Équipés de barbelés, ces murs qu’on retrouve sur de nombreux camps en Grèce rappellent plus un camp de concentration qu’un refuge.

« Une goutte dans l’océan » (Drâpen i Havet) est une organisation de bénévoles fondée par une Norvégienne en 2015 en réponse à la crise des réfugiés sur l’île de Lesbos. Les membres de cette organisation sont maintenant présents dans les camps de Skaramangas et Élefsina, à Nea Kevala dans le nord et sur les îles de Samos et Lesbos. Sur le continent, ils prennent en charge la distribution d’habits et de produits de première nécessité et organisent l’activité des résidents. Sur l’île de Lesbos, Giulia et d’autres bénévoles continuent de porter secours aux réfugiés qui débarquent sur ces côtes inhospitalières. Au camp de Skaramangas, une autre structure est en charge de la gestion du site, des aides légales et de la protection, l’ONG Danish Refugee Council (DRC). Nous avons garé notre voiture à côté d’un container et Giulia nous aida à la décharger. Nos cartons, étiquetés à l’avance ont été stockés dans le container afin d’être acheminés au « magasin » un espace très bien organisé où les résidents du camp peuvent venir chercher des habits (chaque semaine, plus de 3 000 sont distribués à environ 750 personnes). Giulia nous a ensuite fait visiter le camp et nous a expliqué son fonctionnement.

Il y a officiellement 2 600 résidents dans le camp (selon Giulia, ce serait plus 2 800), de tous les âges. Nous avons vu des nouveaux nés dans l’espace privé des femmes ainsi que des personnes de plus de 90 ans. Le camp se compose de 439 containers aménagés. Ils disposent d’eau froide et chaude, de l’électricité, de la climatisation d’une cuisine et d’une salle de bain. De nombreux containers sont transformés en petites maisons accueillantes, on voit même des herbes et fleurs dans des pots devant certaines. Des résidents ont créé des commerces, vendent des articles d’épicerie ou des légumes et il y a même un coiffeur pour les résidents. Malheureusement, il y a aussi des personnes qui vivent dans des tentes, des réfugiés (dont certains sont très vulnérables) qui sont arrivés récemment des îles surpeuplées. L’arrivée dans le camp et les conditions de vie difficiles – les toilettes n’avaient pas encore été installées pour eux – ont généré des tensions et une grande désillusion. L’école du camp a même été fermée temporairement pour accueillir les nouveaux arrivants.

Nous avons visité un joli bâtiment d’accueil construit par des bénévoles, avec une bibliothèque, un atelier de couture, un espace de jeux pour les enfants, et Il y a aussi une salle de sport et un terrain de foot qui est utilisé quand il ne fait pas trop chaud.

L’espace de jeux des enfants

La sage-femme aidant un nouveau-né

L'espace "couture" le matin et salle des classes l'après midi.

L’espace de don de vêtements.

Un des petits commerces ouverts par des résidents.

Il y a aussi une salle de sport et un terrain de foot qui est utilisé quand il ne fait pas trop chaud. Nous nous sommes interrogés sur les possibilités de profiter de la mer. Le camp borde le Golfe d’Elefsina et bien qu’il ait fait très chaud le jour de notre visite, une agréable brise venant de la mer rendait la situation plus supportable. Les surfaces bétonnées et l’absence d’ombre doivent être insoutenables durant les mois d’été. La mer à cet endroit est sombre et huileuse, loin des images que nous avons de la mer Égée, le manque d’accès à la plage, et la pollution de l’eau due aux raffineries et à l’industrie empêchent de profiter de ce cadre.

Il est évident que les demandeurs d’asile qui ont pu être hébergés dans les containers du camp de Skaramangas sont plus chanceux que ceux enfermés dans les camps surpeuplés des îles ou que ceux qui sont en centre de détention ou qui dorment dans les rues d’Athènes. Cependant, de nombreuses familles sont dans ce camp depuis plus de deux ans et certains enfants n’ont jamais connu autre chose que cette vie de réfugié. Giulia et les autres bénévoles réalisent un travail considérable et essentiel, dans ce camp et sur le reste du territoire Grec,travail rendu possible grâce aux dons. Ils travaillent très dur pour donner une lueur d’espoir, et permettre à ces personnes qui ont tout perdu et dont le futur est incertain de ne pas sombrer dans le désespoir. À la fin de nos deux heures de visite, nous avons remercié Giulia pour son temps et sa gentillesse, et espérons pouvoir continuer à aider les résidents aussi longtemps que ce sera nécessaire avec nos modestes contributions.

Un dernier message de la part des enfants.


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